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le blog de Walpur
14 février 2008

Le promeneur du champ de mars (dvd)

« Le Promeneur du Champ de Mars », de Robert Guédiguian.

Evocation des derniers mois de François Mitterrand.

J'imagine que Fabrice Luccini, fasciné par Michel Bouquet, s’est déjà passé ce DVD une quinzaine de fois. C'est un film assez poignant pour ceux qui aimaient l'ancien président, qui le respectaient, malgré tout…. Car on devine sa souffrance et sa lucidité. Le réalisateur donne de lui l'image d'un poète, ce qui est peut-être exagéré… On le voit, par exemple  dans le train demander à un de ses collaborateurs quelle est la couleur de

la France.

L'autre

croit qu'il s'agit de sa couleur politique. Un rose de plus en plus pâle… Alors le vieux président le rabroue et lui lance : "Mais non ! Je parle de sa couleur, comme Rimbaud donnait des couleurs aux voyelles ! Pour moi, c'est le gris ! Le gris vert cadavre de

la Champagne

de

la Grande

Guerre

", le gris ceci, le gris cela… Puis il a une sorte de malaise... Son médecin-nounou veut lui verser des gouttes. Il refuse de se soigner…

Par moments, il va mieux. Il cite du Péguy, visite la cathédrale de Chartres, caresse la pierre des gisants.

Il a des instants de rémission. Alors il sort, l'œil allumé, des phrases mi-mégalo, mi-amusées, en faisant des moulinets, des sortes de grands gestes théâtraux, comme un avocat qui ferait des effets de manche : "Je suis le dernier des grands présidents. Après moi, il n'y aura plus que des financiers. Des comptables."

Il y a la scène d'un déjeuner d'anniversaire, assez cruelle, car il se moque des cadeaux de certains de ses invités. Le narrateur s'est saigné aux quatre veines pour lui acheter une édition originale de Léon Bloy. Le président l'envoie valser, lui disant qu'il lisait ça quand il était jeune, mais qu'à présent il n'en a "plus rien à foutre", de Léon Bloy. Il y a des scènes d'autosatisfaction. Il dresse un bilan plutôt positif de ses quatorze années de "règne". Il joue au chat et à la souris avec le narrateur (Jalil Lespert), parfois son confident privilégié, parfois desdichado. On pourra rapprocher ce film de « Parfum de Femme », de Risi, sur le thème de la manipulation. Ici le jeu est plus subtil, mais la manipulation est à l’ordre du jour.

Ce qui m'a surtout plu, c'est l'image de vétusté qui se dégage de l'Elysée. On dirait un vieux château de province, qui ne jouirait d'aucun confort. On sent que les pièces y sont froides. On croit sentir l'odeur d'humidité, de salpêtre et peut-être de moisi qui se dégage du mobilier, ni fonctionnel, ni confortable. Avec des boiseries bleu fané. Une œuvre forte et délicate, hors norme, donc réussie.

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